Rapport 2023
Avant-propos
En comparaison internationale, le nombre de candidat·es au doctorat dans les universités suisses est très élevé. Sans même tenir compte de la médecine, les quelque 21 200 doctorantes et doctorants représentent aujourd’hui environ 12.5 % des personnes immatriculées pour des études en Suisse. Il s’agit donc d’une population particulièrement importante, et dont la taille a crû encore plus fortement dans les trente dernières années que le nombre des étudiant·es des premier et deuxième cycles. Ces simples faits justifieraient déjà amplement l’attention que portent les institutions à la formation de celles et ceux qui visent le plus haut diplôme délivré par nos universités.
Il s’agit également d’une population dont la diversité a beaucoup augmenté dans la même période : les doctorant·es ayant fait leur scolarité hors de Suisse sont désormais majoritaires, tandis que le nombre de candidat·es avec une maturité suisse est resté stable. La proportion de femmes est désormais presque égale à celle des hommes. Scientifiquement, les champs de recherche se sont multipliés. De nouveaux acteurs sont apparus : l’IHEID délivre désormais ses propres doctorats, et a rejoint en 2022 les universités romandes comme membre ordinaire de la CUSO. Dès 2024, la HES-SO, qui, sans délivrer elle-même de doctorats, accueille et contribue à former à ce niveau un nombre croissant de jeunes chercheuses et chercheurs, en est devenue membre associé. La diversité est enfin et surtout une caractéristique intrinsèque du doctorat, car le parcours qui y mène reste hautement individuel.
C’est pour les universités un défi de pouvoir satisfaire aux besoins de formation, de soutien et d’encadrement des candidat·es aux profils, origines, intérêts et perspectives si diverses. Avec la CUSO, les institutions académiques de Suisse romande se sont associées pour apporter une réponse collective, en créant des programmes doctoraux conjoints. Conçus comme une offre complémentaire, proposant des activités scientifiques et méthodologiques, sans se substituer au contrôle académique de chaque institution, ces programmes reposent sur des communautés larges, rassemblées autour de grandes disciplines ou champs de recherches. En considération de la pluralité des carrières qui attendent les futur·es docteur·es, dans le monde académique pour quelques un·es, mais pour la plupart dans des professions à responsabilités étendues parfois très éloignées de l’université, une attention particulière est donnée à la consolidation des compétences transversales que permet d’acquérir l’expérience doctorale.
Avec 33 programmes en 2023, ce sont près de 530 activités et 5100 heures de formation qui ont été offertes, auxquelles plus de 4000 doctorantes et doctorants ont pris part. Nous remercions vivement toutes les personnes qui œuvrent au bon fonctionnement de ces programmes essentiels. C’est grâce à leur dynamisme et leur travail que nos universités peuvent répondre, au moins en partie, à leur engagement en faveur de la formation doctorale.
Dr Denis Billotte |
Pr Frédéric Herman |
Rapport 2022
Avant-propos
Dans les institutions d’enseignement supérieur et de recherche, le doctorat tient une place très singulière, à la croisée de plusieurs secteurs de l’activité académique. Deux aspects au moins doivent être envisagés. Du point de vue de l’enseignement, il s’agit en effet d’un diplôme, le plus élevé dans la hiérarchie des titres habituellement délivrés par les universités. Les doctorant·es sont donc à considérer comme les plus avancé·es des étudiant·es. Cela implique en particulier qu’elles et ils sont en droit d’attendre une formation digne de ce nom, et un encadrement spécifique de leur apprentissage. On ne peut plus considérer aujourd’hui qu’une telle responsabilité repose uniquement sur une personne désignée pour diriger la thèse de la candidate ou du candidat au doctorat. Il s’agit d’une question qui engage pleinement l’institution délivrant in fine le titre convoité.
Un second aspect n’a pas moins d’importance que le premier : formation à la recherche, le doctorat est également une formation par la recherche. Le titre certifie que la personne qui l’obtient dispose de connaissances approfondies dans son domaine et possède une maîtrise étendue des méthodes de sa discipline. Mais surtout, cette personne a démontré sa capacité à mener en son nom (bien que sous supervision) une recherche dont les résultats sont publiables selon les canons académiques. À ce titre, doctorantes et doctorants sont partie intégrante de ce que l’on peut appeler l’appareil de production académique, et réalisent en fait une part très importante de la recherche à l’université. Même sans disposer d’un contrat de travail ou d’une bourse, leur travail fait d’elles et d’eux des professionnel·les. Bénéficiant du résultat de ce travail, les institutions se doivent d’assurer les conditions de leur évolution et de leur réussite. En particulier, doctorantes et doctorants doivent pouvoir développer une identité professionnelle de chercheur ou chercheuse, à l’image des collaborateurs et collaboratrices qu’elles et ils sont de fait.
En outre, si le doctorat visait à l’origine une forme d’apprentissage en vue de la reproduction des forces académiques, il doit aujourd’hui faire face à des exigences et besoins nouveaux et plus diversifiés. La carrière académique n’est plus un débouché réaliste que pour une minorité de docteur·es, et les parcours professionnels ultérieurs se diversifient de plus en plus. Il est essentiel d’identifier et de renforcer dans l’expérience doctorale les savoirs acquis, et surtout les compétences exercées par la recherche et susceptibles d’être traduites et utilisées hors du contexte universitaire.
Dans les programmes doctoraux conjoints portés par les universités de Suisse romande dans le cadre de la CUSO, tous ces aspects sont pris en compte : compléments de formation scientifique et méthodologique, bien sûr, mais aussi socialisation, apprentissage du métier de chercheur ou chercheuse, consolidation des compétences acquises par la pratique de la recherche, perspectives sur les carrières possibles et les façons de s’y préparer. En mutualisant leurs ressources et leurs efforts, les institutions membres de la CUSO assument collectivement leurs responsabilités pour offrir une expérience doctorale riche, exigeante et socialement pertinente.
Ensemble, ces institutions offrent dans le cadre de la CUSO un éventail vivant et toujours renouvelé d’activités, dont le présent rapport donne un aperçu pour l’exercice 2022. Nous adressons nos plus vifs remerciements à toutes celles et tous ceux qui œuvrent à l’organisation et au développement des programmes CUSO. C’est grâce à leur travail et à leur engagement que peuvent se déployer nos activités de formation interuniversitaires, au bénéfice de toutes et tous.
Dr Denis Billotte |
Pr Yves Flückiger |
Rapport 2021
Avant-propos
Considérée comme une expérience, la préparation d’une thèse de doctorat transforme celui ou celle qui la traverse. Elle permet d’éprouver et de s’éprouver. Mais le terme s’entend bien sûr également au sens d’une expérience professionnelle acquise, puisque le doctorat atteste que l’on s’est montré capable de produire un travail de recherche en propre, que l’on en assume la responsabilité, et que l’on peut conduire un tel projet de manière autonome. Un doctorat, c’est bien plus que la thèse qui en résulte, c’est développer un ensemble très étendu de capacités et de compétences, que l’on exerce et affine au bénéfice d’un projet très particulier. Mais si ce projet n’a souvent pleinement son sens que dans un contexte académique, les compétences acquises et renforcées au cours de ce travail, elles, peuvent être mises à profit dans des contextes beaucoup plus divers. Et c’est bien cela qui peut faire la force d’une ou d’un docteur·e sur le marché de l’emploi.
Comment nos programmes doctoraux peuvent-ils contribuer à cette expérience ? Bien entendu, en offrant des activités scientifiques… qui permettent non seulement de creuser plus profondément le sillon de la spécialisation, mais aussi de découvrir d’autres aspects de son propre domaine, au plus haut niveau. Il s’agit également de renforcer la maîtrise méthodologique, qui est au cœur du métier de chercheuse ou chercheur. C’est souvent la compréhension fine des méthodes de travail et de recherche, la discrimination entre les différentes approches permettant le choix des plus appropriées à l’objet et au projet, et l’application rigoureuse des outils et techniques qui déterminent la qualité du résultat, et signalent l’excellence académique.
Pour tous ces aspects, la mise en commun de ressources et d’expertise dans le cadre d’un programme doctoral est un atout indéniable. Cela permet d’avoir accès aux savoirs les plus pointus, d’inviter les collègues les plus stimulants, de trouver les compétences utiles partout où elles se trouvent. C’est l’avantage matériel direct donné par la réunion de plusieurs universités, et par un financement commun.
Mais la valeur ajoutée la plus importante réside peut-être dans la communauté elle-même: le partage entre pair·e·s, l’échange d’expériences et de savoirs, de problèmes et de solutions, et le fait même de n’être pas isolé·e, mais relié·e à d’autres personnes du même domaine, avec un vécu comparable. La science est indissociable de la socialisation et des réseaux que l’on construit entre collègues, dans son institution et bien au-delà. C’est là que se joue pour une grande part la construction de son identité en tant que chercheuse ou chercheur, dans le contact, l’échange, parfois la confrontation avec sa communauté disciplinaire ou du champ de recherche.
Cette communauté, qui contribue à la professionnalisation des doctorantes et doctorants, peut aussi, et devrait sans doute, être le lieu d’une conversation sur leur devenir professionnel : les aspirations, les chemins possibles, les difficultés, les atouts, les exemples et contre-exemples donnés par les prédécesseur·e·s… Le programme doctoral ne saurait être un bureau de placement, ni même un office d’orientation, mais il se doit de thématiser l’après-thèse et d’ouvrir la discussion sur la pluralité des possibilités pour la suite.
Les universités membres et partenaires de la CUSO s’engagent depuis plus de cinquante ans pour proposer une formation doctorale alignée sur les principes évoqués ici. Ensemble, ces institutions offrent dans le cadre de la CUSO un éventail vivant et toujours renouvelé d’activités, dont le présent rapport donne un aperçu pour l’exercice 2021. Nous adressons nos plus vifs remerciements à toutes celles et tous ceux qui œuvrent à l’organisation et au développement des programmes CUSO. C’est grâce à leur travail et à leur engagement que peuvent se déployer nos activités de formation interuniversitaires, au bénéfice de toutes et tous.
Dr Denis Billotte |
Pr Yves Flückiger |
Rapport 2020
Avant-propos
Partout dans le monde, l’irruption de la pandémie a brutalement changé nos manières de vivre ensemble et de travailler au début de 2020. Dans les universités, cela s’est traduit par des campus quasiment désertés et une adaptation forcée et rapide au travail à distance, que ce soit pour l’enseignement, la recherche ou l’administration. Les programmes doctoraux de la CUSO ont été contraints d’annuler ou de reporter de très nombreuses activités : conçues précisément pour favoriser le contact direct entre doctorant·e·s et expert·e·s, très interactives, avec souvent des aspects pratiques (terrain, manipulations…), les formations prévues pouvaient difficilement passer en mode distanciel, du moins à court terme. De plus, les responsables de l’organisation, de même que les doctorant·e·s, étaient prioritairement mobilisé·e·s par le redéploiement de l’enseignement dans les premiers cycles. En particulier pour les doctorantes et doctorants, dont bon nombre sont aussi assistant·e·s, les difficultés se sont multipliées : accès compliqué, voire impossible, aux laboratoires, aux bibliothèques, au terrain; surcroît de tâches d’organisation et d’enseignement liées au passage en ligne ; solitude et isolement accrus…
Chaque programme s’est pourtant attaché à revoir son offre, et à proposer des cours, rencontres et séminaire en ligne. Lorsque les conditions le permettaient, des activités ont même pu se tenir en présentiel, dans le strict respect des protocoles sanitaires. Le programme transversal «développement des compétences transférables» constitue un cas particulier, dans la mesure où la plupart des ateliers offerts ont pu être transposés dans des versions distancielles. Des formats nouveaux, plus courts, sont aussi apparus, et des activités spécifiquement adaptées à la situation (gestion du travail en temps de crise). De son côté, le secrétariat de la CUSO a développé des contenus en ligne, sous la forme d’un blog, visant à soutenir les doctorant·e·s en proposant conseils et ressources. Une série de courtes vidéos donnant la parole à des docteur·e·s avec des parcours professionnels très divers est également venue enrichir le site web, sous le titre «Un doctorat… et après ?»
Dans une période de multiples incertitudes, nos universités ont consenti d’importants efforts pour pallier certaines conséquences particulièrement néfastes des contraintes sanitaires. Elles ont, par exemple, permis la prolongation de nombreux contrats à durée déterminée pour des chercheuses et chercheurs dont les recherches ont été forcées à l’arrêt, parfois pendant plusieurs mois. Au travers de la CUSO, elles continuent d’offrir une formation doctorale plus que jamais indispensable. En permettant aux doctorant·e·s d’enrichir leur expérience au contact de leurs pair·e·s et d’expert·e·s du monde entier, en les intégrant dans des communautés scientifiques élargies, en favorisant l’échange et la socialisation, les programmes CUSO contribuent à l’acquisition d’un véritable métier de chercheur ou chercheuse. Les facultés d’adaptation ont été mises à rude épreuve, les membres de nos programmes, quel que soit leur statut, ont su relever le défi. Nos programmes ont expérimenté de nouveaux modes d’enseignement et d’échange, de nouveaux formats, et continueront à offrir une formation diversifiée, en constante évolution. Ils poursuivront ainsi leur mission de soutenir les doctorant·e·s dans la préparation de leur thèse, mais aussi dans celle de leur future carrière professionnelle, quelle que soit la direction que celle-ci prendra.
Nous adressons nos plus vifs remerciements à toutes celles et tous ceux qui œuvrent à l’organisation et au développement des programmes CUSO. C’est grâce à leur travail et à leur engagement que peuvent se déployer nos activités de formation interuniversitaires, au bénéfice de toutes et tous.
Dr Denis Billotte |
Pr Yves Flückiger |